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MBDA, le plein de commandes et le pied sur l’accélérateur


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Porté par l’explosion de la demande dans le secteur de la défense sol-air, MBDA aura achevé 2023 avec un chiffre d’affaires et des prises de commandes records. Des résultats en hausse qui viennent soutenir le redimensionnement de l’outil industriel et la poursuite des grands chantiers d’innovation. 

Une année peu ordinaire
 

« 2023 fût une année extraordinaire », annonçait ce mercredi Éric Béranger, à la tête depuis cinq ans d’une entreprise détenue par Airbus (37,5%), BAE Systems (37,5%) et Leonardo (25%). Et par « extraordinaire », le dirigeant entend plutôt « vraiment peu ordinaire », car inscrite dans un contexte de réveil global des chancelleries face à l’agression russe de l’Ukraine et aux attaques de drones en Mer rouge. 

Les chiffres parlent d’eux-mêmes.
 
Avec 9,9 Md€ de prises de commandes en 2023 (+10%), son carnet atteint désormais 28 Md€. Le chiffre d’affaires bondit quant à lui de 7% pour s’élever à 4,5 Md€. Les raisons de ce succès ? Des demandes qui affluent de toute part, souvent conséquences de « besoins opérationnels urgents » et, surtout, relevant en grande majorité du domaine de la défense anti-aérienne, générateur de 70% des commandes engrangées l’an dernier. 
 
Dès janvier, la France et l’Italie actaient le renforcement de leurs stocks de missiles sol-air Aster, acquisition de 200 exemplaires à la clef pour la partie française. Une dynamique de recomplètement que cette dernière a poursuivi avec l’achat de 329 MISTRAL 3 et, dans le domaine antichar, de 1300 missiles Akeron MP. Derrière les cinq marchés domestiques, les commandes engrangées à l’export – environ 3,5 Md€ – proviennent à 75% d’autres États européens. Un ratio en partie expliqué par la signature d’un contrat de plus de 2 Md€ avec la Pologne dans le cadre du programme PILICA+. 
 

Cette tendance se maintiendra « certainement » en 2024, estime Éric Béranger, sans se risquer au difficile exercice de l’estimation chiffrée. Le mois de janvier aura suffi pour voir le groupe européen engranger deux commandes majeures dans ce segment, l’une de près de 500 M€ du Royaume-Uni pour le soutien et l’évolution de systèmes Sea Viper et l’autre – encore – de part la Pologne pour l’intégration du système Sea Ceptor sur ses frégates de classe Miecznik. La poursuite de l’aide à l’Ukraine, notamment illustrée par l’intégration en un temps record de missiles SCALP et Storm Shadow sur des plateformes de l’ère soviétique, devrait continuer d’influer sur les acquisitions étatiques. 

Pour Éric Béranger, l’enjeu à court terme restera de « continuer à s’adapter à un environnement en pleine évolution, tout en continuant à favoriser la coopération, en particulier au niveau européen  : se mettre en ordre de bataille pour répondre aux nouvelles demandes de nos clients, de leurs forces armées et de leurs alliés ». Un adaptation conduite sur deux axes : la montée en puissance de la production et le développement de nouvelles solutions. 
 
« Work in progress »
Seule société non-américaine capable de fournir l’ensemble de la trame de missiles, MBDA est aujourd’hui pressé par ses clients de produire plus et plus vite, à commencer par le ministère des Armées. « Il y a une pression, un besoin exprimé par nos clients pour une accélération. (…) Nous en sommes très conscients », reconnaît le chef d’entreprise. 
 

Du missile antichar Enforcer au missile antiaérien CAMM, « nous recevons  beaucoup de demandes ». Un système n’est pas l’autre et, depuis février 2022, l’accélération atteinte sur le missile sol-air MISTRAL n’est pas celle de l’Aster. Bien connu, l’objectif fixé pour le premier sera une multiplication par quatre la production mensuelle tout en divisant par deux le cycle. Côté CAMM, il est question de tripler le volume à l’horizon 2025. « Sur l’Aster, nous sommes en voie d’augmenter la cadence mensuelle de 50% et de réduire le cycle de plus de la moitié », indique Éric Béranger. Lorsqu’il fallait 42 mois entre la commande et la livraison d’un missile Aster avant février 2022, ce délai sera ramené à moins de 18 mois d’ici à 2026. 

Courant 2025, le volume d’Akeron MP produits par mois aura été multiplié par 2,5 quand son cycle aura été réduit de près de 50%. Petit cousin allemand de l’Akeron MP, le missile Enforcer est entré dans la phase de production en série fin 2023. Un volume « à quatre chiffres » sera produit d’ici à 2026. 
 

Comment y parvenir ? D’un côté, par un investissement majeur dans les capacités de production. Quelque 2,4 Md€ seront investis sur cinq ans, dont autour de 1 Md€ pour la seule filiale française et plus de 500 M€ au Royaume-Uni. Du moins dans un premier, car ce montant « est, de mon point de vue un minimum. Je ne serais pas surpris qu’il grossisse », présume Éric Béranger. 

L’effort consenti se traduit par le doublement de la capacité du site britannique de Bolton et par l’installation d’une seconde ligne d’assemblage final en Italie pour le CAMM-ER. En France, MBDA va doubler la superficie du site accueillant les opérations d’assemblage final. Une nouvelle entité relative au missile Patriot est par ailleurs en construction côté allemand au profit de COMLOG, coentreprise formée avec le concurrent américain Raytheon. 
 

D’autre part, « MBDA augmente ses stocks ». La démarche avait commencé durant la crise sanitaire pour faire face aux pénuries touchant certains composants. « Nous n’avons pas de pénurie actuellement » malgré « de fortes tensions dans la chaîne d’approvisionnement », rassure Éric Béranger. Mais mieux vaut prévenir que guérir, et la logique de stockage s’est maintenue et renforcée pour anticiper de nouvelles tensions et garantir les délais actuels et futurs. Ainsi, MBDA détient 80 tonnes de métaux spécifiques à la fabrication de missiles, contre 4 à 5 tonnes en temps normal. Le groupe dispose également de réserves de titane suffisantes pour « plusieurs milliers de missiles », sans parler de stocks de composants électroniques conservés « très soigneusement ». 

MBDA planche par ailleurs sur l’adaptation des processus, n’hésitant pas à miser sur de nouveaux leviers comme l’intelligence artificielle. Et parce qu’il n’y a pas de montée en cadence sans bras ni cerveaux, l’entreprise continue d’étoffer son vivier de 15 000 employés. Le groupe aura ainsi recrutés 2600 personnes l’an dernier et compte en engager autant en 2024, dont plus de 1000 pour la seule filiale française. 
 
Laser, hypersonique et MTO
Le chantier de l’accélération s’accompagne de celui de l’innovation pour répondre aux évolutions des besoins et menaces. Des travaux pour la plupart engagés bien avant février 2022 et qui permettront aussi à MBDA de dépasser sa seule étiquette de missilier. « Nous constatons une demande élevée pour l’innovation et les nouvelles technologies », relève le patron de MBDA, selon qui il devient essentiel d’investir les nouveaux domaines de l’intelligence artificielle, du cyber, de l’espace. 
 

Appuyée par le doublement des investissements en faveur de la R&D au cours des cinq dernières années, la préparation de l’avenir se concentre sur plusieurs domaines clefs. L’hypersonique, par exemple, est principalement drainé par HYDIS2, projet européen rassemblant une cinquantaine d’acteurs de 14 pays au sein du consortium AQUILA. Voie parallèle à celle poursuivie à celle du projet HYDEF, HYDISvise à conceptualiser des solutions d’intercepteurs hypersoniques au profit, pour l’instant, de la France, de l’Italie, de l’Allemagne et des Pays-Bas. La gestion de cette phase de définition, créditée de 140 M€ pour 2024-2027, sera bientôt confiée cette à l’Organisation conjointe de coopération en matière d’armement (OCCAR).

« Le groupe a également franchit de nombreux jalons dans le domaine des armes à énergie dirigée », indique-t-il. Fruit d’un investissement de plus de 100 M€, l’arme laser DragonFire conçue par la branche britannique avec Leonardo et QinetiQ a réalisé il y a peu un premier tir d’essai haute puissance contre des cibles aériennes. En France, MBDA progresse au travers de CILAS, pépite co-détenue avec Safran dont le système antidrones HELMA-P sera déployé cet été lors des Jeux olympiques et paralympiques de Paris. La réflexion s’inscrit dans le temps long et sur plusieurs axes. Il s’agit non seulement de caractériser les effets du laser sur certains matériaux mais aussi d’avancer sur les matériaux résistants aux systèmes adverses et susceptibles d’être utilisés sur les missiles de demain. 
 

Autre sujet critique, les munitions téléopérées (MTO) relèvent d’un segment « en croissance » et pour lequel « il y a des besoins très importants ». Mais si « beaucoup de monde est capable de travailler sur les drones, transformer ceux-ci en système d’arme, y intégrer un effet militaire et s’assurer que cet effet agira exactement comme attendu et au bon moment n’est pas une compétence si largement répandue », souligne Éric Béranger.

MBDA est l’un des rares à maîtriser ce volet pyrotechnique, compétence mise à profit pour les projets de MTO Larinae et Colobri lancé l’an dernier par la Direction générale de l’armement (DGA) et l’Agence de l’innovation de défense (AID). Deux projets en cours pour lesquels il s’est associé à Delair d’un côté et à Novadem de l’autre. Enfin, MBDA mise sur l’intelligence artificielle pour « augmenter » les capacités de son portfolio. Avec un pas franchi en 2023 dans le collaboration entre effecteurs grâce au concept Orchestrike dévoilé au salon du Bourget.
 

Crédits image : MBDA/Adrien Daste

Ya Rab Yeshua.

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