La crise des vocations, à moins d'être aveugle et hypocrite, touche, nous le savons tous, tous les corps de métiers, et ce, depuis des années : médecins, infirmières, aides-soignantes, enseignants, magistrats, métiers du bâtiment, métiers de la restauration, agriculteurs, surveillants pénitentiaires, policiers, etc............et personnel militaire (la liste n'est pas exhaustive).
Pour chacun de ces corps de métiers, il y a une ou des explications "propres", on les qualifie de "structurelles". Mais selon moi (encore une fois, ce n'est que mon avis), l'explication "fédératrice", celle qui est commune à l'ensemble de ces corps de métiers, demeure le déclassement.
Qu'est ce à dire ? Ce sentiment palpable, ressenti et prégnant d'être marginalisé, peu considéré, sous-payé et pas assez "reconnu". Bref, d'être un "laissé pour compte", de ne plus retenir l'attention et encore moins, susciter l'intérêt voire la passion, dans une société individualiste et consumériste où tout effort est considéré comme une atteinte aux droits individuels.
S'agissant du "métier des armes", le plus beau à mes yeux, il a été au fil du temps banalisé. Trop banalisé d'où les réactions d'effroi voire d'incompréhension exprimées par certains de nos compatriotes lors de l'épisode de l'embuscade d'Uzbeen (mais comment cela est-ce possible ?) Oubliant au passage, la mort tragique de 58 soldats le 23 octobre 1983 dans l'attentat du Drakkar à Beyrouth...
Qui s'en souvient 40 ans après ?
L'Armée a toujours été une "variable d'ajustement". Non syndiquée, "républicaine" et loyaliste, elle n'a qu'un Chef de par la Constitution, le Président de la République élu. Elle ne se plaint pas, ne manifeste pas, sa "voix" est "hiérarchiquement " filtrée (il suffit pour s'en convaincre de lire les rapports successifs du HCECM).
Et je pourrais continuer à peindre à longueur de paragraphes un tableau pas toujours flamboyant de l'institution.
Ce qui la sauve ou l'empêche de sombrer, c'est qu'elle compte dans ses rangs des hommes et des femmes, militaire et civil, d'active et de réserve, qui ont encore "la foi chevillée au corps". Et qui, en dépit de ce sentiment de déclassement, gardent la tête haute et s'accrochent à leurs convictions. Et qui s'échinent, jour après jour, à insuffler aux soldats qui leur sont confiés, cette vertu (j'exècre le mot valeur) du don de soi, de l'engagement absolu au service d'une idée, d'une notion qui les dépasse : l'amour de sa patrie.
BTX