https://www.opex360.com/2025/07/04/le-sous-marin-nucleaire-dattaque-tourville-a-ete-admis-au-service-actif/
Le sous-marin nucléaire d’attaque Tourville a été admis au service actif
Ce 4 juillet, en se rendant à la base navale de Toulon, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a fait d’une pierre deux coups. En effet, il a d’abord inauguré le bassin Missiessy n°2 [ou MY02], lequel a fait l’objet d’un vaste chantier de modernisation mené sous l’égide du Service d’infrastructure de la défense [SID] afin de lui permettre d’accueillir les sous-marins nucléaires d’attaque [SNA] de classe Suffren.
Ainsi, livré au printemps dernier, soit cinq ans après le bassin Missiessy n°1, qui a connu un traitement identique, le MY02 a été notamment mis aux normes parasismiques les plus récentes. Son mécanisme d’obturation, ses stations de pompage et ses installations électriques ont été entièrement rénovées. En outre, il est désormais doté de structures mobiles afin d’empêcher les satellites d’observation de s’intéresser de trop près aux activités qui s’y dérouleront.
C’est « l’un des plus grands chantiers hors norme du ministère des Armées de ces six dernières années, avec des vitesses d’exécution remarquables », a souligné M. Lecornu. « On parle de 29 000 mètres-cube de béton, 55 kilomètres de câble électrique, de 450 millions d’euros d’investissement », a-t-il ajouté.
Le troisième bassin, Missiessy n°3, fait actuellement l’objet de travaux similaires. Cela étant, à la différence des deux premiers, il sera utilisé pour les arrêts techniques majeurs [ATM] des SNA de la classe Suffren. Et cela en raison de sa proximité avec les installations nucléaires de la rade, de telles opérations nécessitant de recharger les chaufferies des sous-marins et de débarquer le combustible irradié. Ce chantier devrait être achevé avant la première Indisponibilité périodique pour entretien et réparation [IPER] du Suffren, admis au service actif en 2022.
Ensuite, M. Lecornu a profité de l’occasion pour déclarer le SNA Tourville, le troisième de la classe Suffren, apte au service actif. Et cela moins d’un an après le début de ses premiers essais en mer. Actuellement, ce sous-marin se trouve justement dans le bassin Missiessy n°2, pour un arrêt technique de dix semaines, consécutif à son déploiement de longue durée [DLD], lequel a permis de vérifier ses capacités militaires.
Durant ce DLD, dont certaines escales ont été médiatisées, comme celles effectuées au Portugal et au Canada [avec l’appel d’offres sur les futurs sous-marins canadiens en vue], le Tourville s’est surtout concentré sur l’Atlantique et les eaux glaciales du Grand Nord. A-t-il navigué sous la banquise, comme le font régulièrement ses homologues américains, russes et britanniques ? La Marine nationale n’a rien dit à ce sujet.
La classe Suffren [six unités prévues, ndlr] « arrive au moment où le Pentagone se pose la question de débrancher un certain nombre de moyens maritimes du continent européen pour les basculer sur l’Indopacifique. Il faudra donc bien que des pays décident de mettre plus de bateaux et de sous-marins pour défendre notre continent », a déclaré M. Lecornu, en évoquant le Tourville.
Et cela d’autant plus que, a-t-il ajouté, selon Var Information, « un certain nombre de compétiteurs sur la trame sous-marin ne nous ont pas attendus » car « si la Fédération de Russie n’a pas toujours brillé par l’efficacité de sa marine et de ses bateaux de surface, il faut reconnaître que sa sous-marinade est dépositaire d’un savoir-faire qui vient de la Guerre Froide. »
Pour rappel, affichant un déplacement de 5 300 tonnes en plongée pour une longueur de 99 mètres et un diamètre de 8,8 mètres, un sous-marin de la classe Suffren dispose de capteurs dix à quinze fois plus performants qu’un SNA de la classe Rubis. Encore plus discret, il est armé de missiles antinavires Exocet SM39 modernisés, de torpilles lourdes filoguidées F-21, de mines de missiles de croisière navals [MdCN]. Il peut être équipé d’un hangar de pont [Dry Dock Shelter] afin de mettre en œuvre du propulseur sous-marin de troisième génération [PSM3G] utilisé par les commandos marine.