Bonjour à toutes et tous,
Voici le Retex de ma FGI-R que j'ai fait au mois d'août 2025 au sein du 4ème Régiment de Chasseur de Gap (Régiment de cavalerie, rattaché à la 27ème BIM Brigade d'Infanterie de Montagne).
Je l'attendais avec hâte. Mes 1ers contacts avec le 4 eurent lieu en février 2025 et j'ai commencé les démarches administratives en mars. Oui c'est long et fastidieux. Fin juin/début juillet, j'ai su que tout était bon pour moi et que j'avais une place réservée pour la FGI-R d'août.
En préambule, comme je l'ai dit dans ma présentation ICI, j'ai 45 ans et lors de la journée porte ouverte du mois de mai j'ai assez rapidement pris conscience que je serai l'un des "seniors" de la promo, la majorité ayant entre 20-25 ans. Pourquoi j'insiste sur mon âge, juste pour dire que c'est faisable. Largement faisable en ayant une bonne condition physique.
Je ne vais pas faire de retex au jour le jour. Car 1, je ne me souviens pas au jour de le jour de ce que l'on a fait, et que la FGI-R appartient à une autre dimension spatio-temporelle (la notion de temps est complètement perturbée). 2, je pense que chaque FGI-R est différente en terme de planning, mais identique en terme de contenu. Et 3, car je préfère le faire de manière thématique.
D'une manière générale, la première semaine a été organisée autour de la visite médicale (et 1 vaccin dans mon cas, 0 pour certains, plusieurs pour d'autres), la dotation du paquetage, de l'arme, les cours théoriques, l'OS, le tir et un bivouac 24h "découverte". La seconde, les cours théoriques, l'OS, un bivouac 48h, et le rally. Avec en bonus le PO assez régulièrement.
- La visite médicale et la prise de dotations:
C'est long (parce que tout le monde doit y passer 1 par 1 et nous étions 36), pénible (parce que c'est long, mais le MDL nous a dit "l'activité principale à l'armée,c'est attendre" alors si il le dit...;) ), mais c'est absolument nécessaire (comme vous pouvez vous en douter).
Et du barda, il y en a. Entre les treillis, les haix, les tenues de sport, la tenue gortex, le duvet, le sur-duvet gortex, la couverture de survie (isolation pour le sol), les affaires de "cuisine", les protections coudes et genoux, les gants, les différentes lunettes, les BAB, ... Les 2 sacs en dotation sont vite plein (pas vraiment le temps de tout ranger correctement, il faut faire vite pour limiter l'attente de tout le monde).
- La dotation de l'arme: HK 416 F-C
Si la dotation du paquetage nous mettait un pied dans l'univers militaire, la prise d'arme, nous y fait sauter les 2 pieds joints. On l'attendait tous. Mais lorsque l'on nous appelle et que c'est notre tour de prendre l'arme en main, les 3 chargeurs + le chargeur d'exercice, le BTB (bouchon de Tir à Blanc), on rentre dans le vif du sujet. "Cette arme ne vous quitte plus" (dormir avec son arme, chi** avec son arme...), 4kg de métal dont, au début, on ne sait pas trop quoi faire, puis on s'y habitue et quand on la quitte, cela fait une petite sensation de vide.
- Les cours théoriques:
Cela a commencé par la présentation de l'organisation des armées de la tête jusqu'au peloton (avec les grades bien entendu), ainsi que la nécessité d'une défense (SIT acronyme dont je ne me souviens plus de la signification) et les bases de la vie en régiment (saluer, les TIG, ...). Puis dans le désordre: PSC1 (formation diplômante de 1ers secours), C3T (Concept commun de combat terrestre), les transmissions(procédures et matériels), la topographie (lecture de carte, des définitions et orientation à la boussole), la reconnaissance des véhicules utilisés dans l'armée française, le risque NRBC et les protections (Nucléaire, Radiologique, Biologique et Chimique), et bien sûr l'ISTC (instruction sur le tir de combat que je détaille dans la section tir). Chacune comportant leur lot d'acronymes destinés à faciliter l'apprentissage.
- L'OS ou Ordre Serré:
J'avais une certaine appréhension vis-à-vis de cela, voire rejet, apprendre à marcher au pas... Je savais que c'est une des bases, et j'étais persuadé que cela aller me faire copieusement chi**.
Et ce qui peut sembler "bête" à faire, est en fait assez compliqué à mettre en oeuvre, non pas correctement, mais parfaitement. Car oui il s'agit de l'exécuter parfaitement. Pas de demi mesure.
Pourquoi? Pourquoi avoir changé radicalement de point de vue vis-à-vis de l'OS?
Parce que 1, il forme le groupe. A travers les séances quotidiennes, j'ai assisté à la naissance du groupe, la cohésion de notre peloton, à partir d'individus qui ne se seraient probablement jamais rencontrés, parlés, ... Nous étions, nous, individus. Nous sommes devenus Un. "4 colonnes, Un homme".
2, L'OS est la vitrine, de ce Un, de ce Nous, auprès des autres (militaires, civils peu importe). Si l'on ne veut pas passer pour des co**, il doit être parfaitement exécuter.
Et avec la fatigue qui s'accumule, le nombre de choses à assimiler en un temps si restreint, l'exécuter parfaitement n'est pas chose aisée.
Mais quand un soir, à 23h et des brouettes, on fait le tour du camp; quand on commence à chanter le chant du régiment en marchant; Nous sommes fiers. Fier d'être là, tous ensemble soudés. Voilà ce qu'est l'OS. Cela se vit, mais ne se raconte pas (ou difficilement).
- L'ISTC et le Tir:
Du théorique (rôle et responsabilité du tireur, les règles, les détails techniques du HK) et beaucoup de pratique (module alpha, bravo et charlie): démontage/remontage et nettoyage, le réglage de la mire (nous étions en aim point), les postures de tir à 200m/100m/75m/50m, les différents stade d'une arme, comment la transmettre, les incidents de tir et comment les régler, le tir en doublette... j'en oublie sûrement tant cela est dense.
Notre instruction au tir aura duré 3 jours (je crois... je n'en suis pas sûr à cause de la notion du temps perturbée lors de la formation, j'en parlerai lors de ma conclusion). C'est intense, et très fatiguant nerveusement car cela requiert une concentration de tous les instants. C'était l'étape qui me faisait le plus stressé avant d'y aller, car le tir et tout ce qui s'y rapporte était complétement inconnu pour moi. Au final, cela c'est bien passé même si j'ai eu une tendance à vouloir trop bien faire, créant de la tension et stress nuisant à la précision lors de mes tirs de validation du bravo (par exemple, j'ai réussi 100% de mes tirs à 200m tout le long de l'instruction, et j'ai loupé mon 1er tir à 200 lors de la validation devant le doublé).
- Les Bivouacs:
Rien de bien compliqué. Des marches avec des sac à dos plus ou moins chargés (24h ou 48h), la mise en place du camp, des postes, la pratique des cours théoriques (topo, transmissions, C3T principalement).
J'y ai vu un bémol principal ici: mon âge. Dormir à même le sol ou presque, à 45 ans, c'est plus compliqué qu'à 20 ans. Se rendormir après son tour de garde, c'est aussi plus compliqué qu'à 20 ans, mais je reconnais que l'épuisement aide.
petit apparté expérience perso:
Je n'ai pas vécu complètement le bivouac 48h à cause d'un retour nécessaire au régiment pour une visite au CMA. Des acouphènes que je n'ai pas signalé pendant plusieurs jours, a tord, après la session de tir. Non signalés car je ne les entendais que le soir lorsqu'il n'y avait plus aucun bruit. Acouphènes que j'ai fini par signaler sur un ton léger à un de mes cadre (MDL) pendant le bivouac, qui m'a aussitôt engueulé. Car cela nécessite une prise en charge immédiate par le CMA (idéalement dans les 6h après le début des acouphènes). Donc retour au régiment (je n'étais pas le seul boulet à devoir retourner au régiment heureusement). Finalement ce n'était qu'un bouchon de cerumen formé par les BAB qui comprimait le tympan créant une inflammation... Mais pendant le trajet du bivouac au régiment, j'ai eu le temps de ruminer et je me voyais déjà exclu de la formation, cela aurait pu être grave et j'aurais pu avoir perdu une partie de mon audition, avoir de vrais acouphènes pour une période indéfinie, et surtout le CMA aurait pu juger que j'étais inapte à continuer la formation.
J'ai donc bénéficié d'une pause de 15-16h (la 2nde nuit et la matinée), ce qui fût un avantage et un inconvénient. Avantage: J'ai pu me reposer, en reprenant un rythme plus serein. Surtout que mes camarades se sont mangés un bon gros orage pendant la 2nde nuit. Inconvénient: je me suis senti sorti du groupe (ce n'est pas du tout à cause d'un rejet de leur part, c'était purement intrinsèque), de la cohésion, de l'expérience, je n'ai pas vécu cette galère avec eux, je ne l'ai pas partagé. J'ai aussi manqué certains cours pratiques... Mais le plus dur, indéniablement, fût le retour dans le rythme. Retour dans le rythme, la veille du rally quand le rythme de la formation est au max.
En plus de cela, à cause de ma connerie, 2 de mes cadres(1Cl et MDL) ont dû se taper 1h de trajet x2, impactant le déroulement de la formation pour tout le monde.
Conclusion de cette petite mésaventure: parlez du moindre souci à votre cadre de contact dès son apparition (dans mon cas, c'était un 1ere classe). Il jugera si cela est nécessaire de prévenir plus en avant la hiérarchie qui jugera si elle doit vous envoyer au CMA, qui jugera si vous pouvez continuer la formation. Un tout petit truc qui serait soigné vite fait, peut devenir plus grave avec le temps (même si on a tendance à se dire l'inverse, "Ca va passer").
Tant qu'à parler bobo, j'ai également réveillé une petite déchirure musculaire au quadriceps que je m'étais fait 10 jours avant la formation à la salle. + un choc sous la rotule (même jambe que la déchirure) lors du passage de la planche irlandaise sur le PO. Occasionnant une gêne, notamment en descente, mais cela ne m'a pas empêcher de continuer jusqu'au bout.
- Le PO (parcours d'obstacle):
Rien à dire, c'est cool, sauf quand on s'éclate le genou contre la planche irlandaise en voulant monter la jambe par-dessus (ceux qui savent, savent). Ça participe à la cohésion du groupe: les forts aident les "faibles".
- Le rally:
Épreuve finale (enfin, c'est ce qu'on croit, mais en fait, la vraie épreuve finale, c'est le nettoyage de l'arme... 😄 ). On y met en application tout ce que l'on a appris lors des 15 jours. Je ne sais pas trop si je peux rentrer dans les détails donc je ne vais trop m'étendre là dessus.
Conclusion:
La toute première chose à retenir c'est que c'était une super expérience dont je me souviendrai toute ma vie. Et celle-ci n'est qu'un début.
La seconde, c'est intense, vraiment intense. Pas physiquement (je m'étais préparé pour cela), mais le rythme commence fort et ne fait qu'accélérer pour atteindre son paroxysme lors du rally, et pour maintenir ce rythme, les cadres mettent la pression. Et là, ma visite au CMA et la prise d'un rythme plus normal, je pense, m'a coûté, des points lors du rally. Rien de grave, j'ai validé ma FGI-R mais je sais que j'aurais pu mieux faire.
Mais parlons du rythme et de la pression. Pour donner un ordre d'idée, réveil 5h30 et activités non stop jusqu'à 23h, organisé en 3 "1/2 journée". Après 23h, douche et si on a un peu de temps, on peut préparer ses affaires pour le lendemain pour gagner du temps et/ou, réviser/reprendre ses notes. Quand il y a les bivouacs, le rythme/pression est peut-être un poil plus lent en journée (on fait toujours des choses mais j'ai eu l'impression avec un peu moins de pression), toutefois on se rattrape la nuit avec les patrouilles autour du camp, les tour de garde au sein de notre poste de surveillance ou de combat, les attaques... Même les repas se font sous pression.
Tout cela s'explique par la densité de choses à assimiler en un temps fort restreint (programme similaire à la formation initiale des militaires d'active mais dans un temps beaucoup plus restreint). D'ailleurs, un conseil que je peux donner: apprenez tout ce qu'il vous est possible et sûr de correspondre à ce que l'on va vous demander d'apprendre (attention les fausses infos ou les infos qui ne sont plus d'actu que vous pourrez trouver sur le net) avant de venir (les grades notamment sont une valeur sûre).
Je crois que c'est tout, au pire j'éditerai mon texte si j'ai des choses à ajouter.